Une tortue à la une : la Cistude d’Europe.
Si au détour d’un sentier vous rencontrez une petite mare, un cours d’eau tranquille où une zone humide caressée par les rayons chauds du soleil, alors vous aurez peut-être la chance d’observer un animal peu commun et timide : la Cistude d’Europe.
Cette tortue d’eau douce noire et tachetée de points jaune vif se fait discrète et est difficile à apercevoir. En effet, elle mesure rarement plus de 20 centimètres, et si elle adore les longs bains de soleil elle plonge également dans l’eau au moindre bruit suspect.
Elle est capable de se déplacer aisément sous l’eau, mais doit tout de même remonter régulièrement à la surface pour remplir ses poumons d’oxygène en ne laissant dépasser de la surface de l’eau que ses deux yeux et ses petites narines. Également capable de se mouvoir par voie terrestre, elle peut être croisée en dehors de son habitat aquatique notamment à la période de ponte, auquel cas le mieux à faire est de la laisser continuer son chemin.
Une année bien rythmée :
Si son rythme annuel dépend en grande partie de l’ensoleillement, elle traverse différentes grandes phases de vie sur les 12 mois de l’année : de novembre à mars a lieu son hibernation, puis, lorsque les mois plus chauds arrivent, elle sort de sa torpeur pour reprendre son alimentation et prendre de longs bains de soleil. En effet, ectotherme comme tous les reptiles, cette dernière ne produit pas de chaleur et a donc besoin des rayons du soleil pour augmenter sa température corporelle et ainsi activer ses fonctions vitales, et c’est en général durant ces périodes d’accumulation de chaleur qu’elle peut être visible aux yeux aguerris.
S’ensuit la période des accouplements et celle de la de ponte qui s’étale de la fin du mois de mai jusqu’à la première quinzaine de juillet, durant laquelle les Cistudes pourront se déplacer jusqu’à un rayon de 2 kilomètres autour de leur lieu de vie. Enfin, ce ne sera qu’en automne que les petites Cistudes naitront, pas plus grandes qu’une pièce de 2 euros !
Ce reptile, strictement protégé par la directive Habitats - Faune - Flore et la convention de Berne en France et en Europe depuis plus de 40 ans, affectionne particulièrement les zones humides comme les eaux stagnantes, les mares forestières, les cours d’eau et les rivières, ce qui fait du Parc Naturel Régional de la Sainte Baume un espace de choix pour cette espèce de tortue.
Vulnérable et considérée comme étant l’une des espèces de reptiles les plus menacées d’Europe, la Cistude d’Europe doit faire face au changement climatique ainsi qu’aux nombreuses menaces anthropiques qui pèsent sur la préservation des zones humides, et c’est dans une optique de préservation de l’espèce que le Parc Naturel Régional de la Sainte Baume a entamé cette année une étude sur cette espèce peu commune. En effet, seulement deux noyaux de populations sont connus en région Provence-Alpes-Côte d’Azur : en Camargue et dans le massif des Maures et de l’Estérel., mais le Parc naturel régional de la Sainte-Baume héberge quelques rares petites populations isolées de cette tortue.
Une étude ciblée sur la commune de Mazaugues
Localisée sur une partie du cours d’eau du Caramy ainsi que sur quelques mares forestières de la commune de Mazaugues, ce suivi financé par NATURA 2000 aura pour objectif de caractériser la population de Cistudes d’Europe présente sur le site (âge, nombre, sexe…).
À partir du mois d’avril, un protocole de Capture-Marquage-Recapture sera alors mis en place par le parc, qui bénéficiera de l’appui technique d’un bureau d’étude et du CEN PACA dans le cadre du PRA Cistude d’Europe.
Ainsi, sur plusieurs semaines de piégeage, le but sera de capturer à l’aide de nasses et d’appâts les Cistudes gourmandes attirées par ce dernier. Un relevé méticuleux des pièges sera ensuite effectué chaque jour, et les tortues seront examinées, mesurées et photographiées sous toutes les coutures, après quoi elles seront bien évidemment relâchées immédiatement. Les données récoltées permettront d’en savoir plus sur la population résidant sur les lieux, et ainsi de participer à leur protection en permettant par la suite la mise en place de mesures de gestion et de conservation adaptées aux enjeux du site et de la population.
Ainsi, si vous apercevez des nasses dans un cours d’eau ou dans des mares forestières estampillées PNR Sainte Baume, pas d’inquiétude à avoir pour la faune ! Elles sont relevées chaque jour et utilisées uniquement à des fins d’études.
Si vous remarquez un problème avec l’une d’entre elles ou souhaitez de plus amples informations, n’hésitez pas à nous contacter !
Rédaction : Laura Albigès - stagiaire M2 GDTM Cistude d'Europe au PNR de la Sainte-Baume